
NOS PROJETS
Nos recherches

PERCEPTION DE LA BIODIVERSITÉ SUR LE TERRITOIRE DE PERSEIGNE ET OUTILS DE CHANGEMENT
2022-2023
L’intégration dans un projet ABC d’une étude conçue spécifiquement pour apporter des connaissances plus approfondies sur les perceptions, les pratiques et les enjeux liés à la biodiversité constitue en soi une innovation par rapport aux autres projets ABC réalisés jusqu’à présent à l’échelle nationale. Les données sociales souvent utilisées (majoritairement issues de l’Insee) restent encore relativement superficielles et à contretemps pour permettre de comprendre au mieux les enjeux socio-environnementaux d’un contexte donné. De plus, elles ne permettent pas de répondre précisément à la problématique développée dans le cadre d’un ABC, à savoir le rapport à la biodiversité (perceptions et pratiques). En outre, si les inventaires participatifs constituent une opportunité de fournir des données plus qualitatives sur le rapport des personnes aux espèces animales et végétales, ces dernières ne sont pas collectées de manière encadrée par un protocole d’enquête rigoureux, comme cela peut être fait dans le cadre d’une étude sociologique spécifique.
De plus, la perception des changements et des risques associés étant influencée par le contexte local (géographique, historique, culturel, économique, politique et social) et des facteurs individuels, la mise en place d’outils de gestion efficaces nécessite des études contextualisées et locales. Aucune étude à ce sujet sur le territoire de Perseigne n’existe à ce jour. Les analyses portent essentiellement sur des groupes nationaux ou à des échelles supranationales.
D’un point de vue méthodologique, il n’existe pas de méthode conceptualisée pour développer une approche territorialisée de la perception de la biodiversité. En effet, un des enjeux de cette étude est de pouvoir comparer les résultats des inventaires naturalistes de biodiversité avec ceux relatifs aux perceptions qu’ont les habitants. Une approche géolocalisée et cartographique de la perception est donc nécessaire et constitue une innovation majeure de cette recherche. Le développement d’une telle approche représente un enjeu à la fois méthodologique et analytique pour aller de la subjectivité du vécu vers l’objectivité scientifique de résultat.
Enfin, s’il existe un grand nombre de concepts et de méthodes pour accompagner le changement de comportement, il n’existe pas d’outils clés en main, et ces approches n’ont presque jamais été testées sur la problématique de la biodiversité. L’élaboration de tels outils nécessitent une étude contextualisée au territoire de Perseigne et sur la problématique de la biodiversité.
Cette présente recherche s’inscrit donc dans une démarche expérimentale voulue par le PNRNM. La contribution scientifique de cette recherche est multiple. Il s’agit de produire de la connaissance sur la perception des habitants du territoire de Perseigne sur la biodiversité de leur commune et de son évolution et comprendre les mécanismes en œuvre dans la fabrique de ces perceptions. Dans ce cadre a également été testée une approche géolocalisée et cartographique de l’étude de perception de la biodiversité et des pistes d’amélioration sont proposées. Cette recherche permet également de contribuer de manière générale aux questions du rapport à la nature en contexte rural français actuel, ceci dans une visée comparative des enjeux et permet par la même occasion d’évaluer le transfert et la généralisation possibles des outils d’accompagnement au changement. Est également testée une approche conjointe couplant résultats issus de la perception et résultats issus des inventaires naturalistes, selon une démarche spatialisée et cartographique. Enfin cette recherche a permis d’élaborer des outils d’aides aux changements en faveur de la biodiversité adaptés au contexte local et aux problématiques rencontrées.

GOUVERNANCE D’UN OBSERVATOIRE POUR LE SUIVI DE L’ORPAILLAGE ET DE SES IMPACTS SUR LA SÉCURITÉ AU LIPTAKO-GOURMA
2022-2023
Outre les problématiques sociales, environnementales, de gouvernance politique et de fraudes, de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale majeures, déjà couvertes par la littérature, l’exploitation aurifère artisanale suscite dans la Région du Liptako Gourma de nouvelles préoccupations sécuritaires. Nombre de gisements aurifères ont été découverts dans des zones où les États sont historiquement peu présents ou dont ils se sont retirés pour des raisons d’insécurité. L’activité est donc de fait peu encadrée. Depuis 2016, les enjeux sécuritaires ont pris une nouvelle dimension avec l’implantation de groupes armés dans des zones d’exploitation de l’or. Depuis, les incidents terroristes ou par des groupes armés non identifiés autour des sites de production d’or se multiplient. De nombreux groupes armés, suspectés d’appartenir à la mouvance djihadiste, ouvrent des sites à l’exploitation ou s’implantent dans des sites d’orpaillage avec la volonté clairement affichée d’en assurer la gestion.
Autrefois considérée comme une source de problèmes et un frein au développement de l’industrie minière, l’exploitation minière artisanale est vue depuis les années 2010 comme une opportunité de développement par les États et les partenaires du développement mais aussi comme un enjeu au regard des risques sécuritaires et environnementaux liées à l’exploitation minière artisanale non contrôlée. Aussi, depuis plusieurs années, les États membres de l’ALG travaillent à la structuration, l’organisation, la formalisation et la gestion durable de l’activité artisanale et à petite échelle dans le domaine de l’or. La mise en place d’un observatoire pour le suivi de l’orpaillage et de ses impacts sur la sécurité à l’échelle du Liptako-Gourma a l’ambition de répondre à ces différents objectifs.
Si depuis les années 1990 on assiste à la multiplication des observatoires et plateformes de données, leur mise en œuvre reste difficile et doit à chaque fois être contextualisée. Un des enjeux du projet est de construire un système de gouvernance effectif entre 3 pays présentant une certaine instabilité politique et sécuritaire, affaiblis par une profonde crise de gouvernance, par une croissance démographique qui augmente la pression sur les ressources, déstabilisés par la décomposition de la Libye et la prolifération de combattants, d’armes et de trafics. En effet, la crise de 2012 au Mali a été suivie par une dynamique similaire au Burkina Faso et, dans une moindre mesure, au Niger. La pérennité de l’Observatoire et donc l’enjeu du Projet est d’élaborer un système de gouvernance à la fois souple, effectif et reconnu par les 3 États.
Un autre enjeu de l’observatoire est d’élaborer une plateforme délivrant une information qui est réellement utile à la poursuite des objectifs de chaque partie prenante. Il est également nécessaire que les résultats/cartographies puissent être interprétées de la même façon par tous. Face à la diversité des lectures possibles du territoire, à l’inégalité des parties prenantes vis-à-vis de la technicité des représentations formalisées, il est nécessaire que la plateforme soit construite de manière collaborative pour faire sens à chaque partenaire et donc d’amener les différentes parties prenantes à collaborer autour du projet, ce qui constitue un verrou actuel du Projet.
Enfin, il existe un fort enjeu d’accès et de mise à jour des données pour le bon fonctionnement de la plateforme et son évolution dans le temps. Aussi, les différentes parties prenantes et notamment les propriétaires et gestionnaires des données devront s’entendre et définir les modalités de partage, d’utilisation et de mise à jour des données, les modalités d’extraction des données et les options de préparation et de publication des données.
La contribution scientifique du Projet est d’élaborer de manière collaborative et négociée avec l’ensemble des parties prenantes des 3 États de l’observatoire un système de gouvernance, de partage et de gestion des données permettant de constituer un observatoire effectif dont l’ambition est de : Constituer une base compilant les données sur l’exploitation minière dont l’artisanat minier permettant d’avoir une vision plus claire de l’ampleur et de la forme de ce secteur, ce qui fait défaut jusqu’à présent ; Préciser la nature et l’ampleur des liens observés entre groupes armés et la filière de l’or, au-delà d’une simple liste des phénomènes observés ; Permettre une analyse et un suivi à distance des sites d’exploitation artisanale dont l’accès est rendu difficile voire impossible, et où le contrôle territorial des États est gravement compromis ; Permettre potentiellement de prévoir et d’anticiper certaines dynamiques / évènements relatifs à la sécurité sur le territoire ; Constituer un outil d’aide à la décision et de planification stratégique pour une politique coordonnée autour de l’orpaillage : que ce soit au niveau de la formalisation de l’exploitation aurifère artisanale ou de la lutte contre le terrorisme et pour la construction de la paix dans la région du Sahel.

EXPLOITATION DE L’URANIUM DANS LE LODEVOIS
2021
La littérature existante sur l’extraction de l’uranium en France et particulière dans le Lodévois, au-delà du manque d’étude détaillée, souffre du fait qu’elle est abordée sous un angle très technique et selon le point de vue de l’industriel, laissant peu de place au point de vue des salariés et autres acteurs (politiques locaux, militants etc.) et ne proposant pas d’éléments d’histoire et de contexte social et politique local. Cela est très certainement le fait de l’identité des auteurs, tous des anciens salariés de cette industrie et ayant occupés des hauts postes dans l’entreprise, et de leur ambition avec ces ouvrages à savoir entretenir la mémoire du principal et quasi seul industriel impliqué, la CEA-COGEMA. Par ailleurs, ces ouvrages ne s’intéressent pas à « l’après mine » et ne produisent que trop peu d’informations sur les réflexions, enjeux et approches de dépollution puis de reconversion du site.
Pourtant l’histoire de cet après mine, le contexte réglementaire, politique et social dans lequel elle est intervenue, les acteurs qui y ont contribués, le pas de temps pendant lequel elle a eu lieu, constituent autant d’éléments pouvant probablement expliquer les verrous importants auxquels font face aujourd’hui les acteurs chargés d’offrir au site une seconde vie et une nouvelle identité. Les actions de développement souhaitables et faisables se heurtent à ce passé méconnu ou fantasmé et qui génère craintes, rumeurs et réticences pour certains, opportunités et espoirs de développement économique local pour d’autres.
Les collectivités territoriales et leurs partenaires font face à la difficulté à appréhender les perceptions du site et les discours produits par les différents acteurs dont certains portent préjudices aux actions et efforts de développement mis en place. Il manque des données et de la connaissance sur le site, son histoire, ses acteurs et sur la diversité des perceptions et points de vue qui se sont construit tout au long de cette histoire. Les collectivités manquent également de faits et perspectives sur lesquels construire et appuyer les discours et argumentaires.
Un travail de recherche a donc été mené afin de produire de la connaissance sur l’histoire passée du site, connaitre l’histoire du site pour mieux comprendre comment se sont construits les points de vue, et sur quoi s’ancrent les perceptions, notamment les rumeurs. Il s’agissait également de comprendre et catégoriser les acteurs et les parties prenantes en fonction de leurs perceptions du site et des discours qu’ils produisent auprès de tiers. Enfin la recherche s’est également attelée à comprendre les mécanismes à l’œuvre rendant difficile les projets de développement sur le site.
A l’issue de ce travail, un savoir nouveau, original et complet est produit sur la compréhension et la description du site d’exploitation d’uranium du Bosc (du Lodévois). L’approche patrimoniale qui a été développée permet de compléter le fonds d’inventaire et de connaissances du patrimoine de la Région Occitanie. Par ailleurs, par ce travail, nous avons constitué de l’archive orale unique et originale facilement mobilisable.
L’approche historienne et ethnographique mobilisée a permis d’apporter au consortium d’acteurs porteur du projet (et de la commande) un changement de perspective dans leur mode de communication et de développement commercial du site avec un discours moins aménagiste et plus identitaire et patrimonial. Par ailleurs, l’approche utilisée (entretiens, mobilisation des publics etc.) a également relancé un regain d’intérêt pour le site auprès des citoyens/acteurs locaux et une dynamique de mise en valeur patrimoniale.

INÉGALITÉS ET DISCRIMINATIONS DES PEUPLES AUTOCHTONES DANS LES CONCESSIONS FORESTIÈRES EN RÉPUBLIQUE DU CONGO
2019-2020-2023
Les mécanismes conduisant à exacerber les inégalités et les injustices parmi les populations autochtones dans les concessions forestières du nord Congo n’ont que très peu fait l’objet de recherche. Quelques chercheurs ont noté quelques disfonctionnements, notamment au niveau des fonds de développement local (FDL) qui mettraient en œuvre des projets inappropriés compte tenu du mode de vie des populations autochtones comme c’est le cas avec les projets de production de cacao. En outre, plusieurs chercheurs ont montré que la gestion des parcs nationaux limitrophes avait des impacts sur les droits et les moyens de subsistance des communautés locales.
Si la mise en place du CPLE s’avère un instrument majeur pour la résolution de conflits entre entreprises extractives et forestières et populations locales, la rapporteuse des droits peuples autochtones aux Nations Unies, suite à une visite au Congo en octobre 2019, évoquait une mise en œuvre très limitée des dispositions juridiques pour le respect, la protection et la réalisation des droits des peuples autochtones, notamment en termes de rapidité, portée et efficacité des mesures. Elle notait également une participation limitée des peuples autochtones aux décisions publiques et l’exploitation sexuelle des jeunes femmes autochtones. Ce constat rejoint les observations de différents chercheurs sur les écueils de l’application du droit international sur l’autodétermination des peuples autochtones malgré l’avancée de la République du Congo qui fait figure de véritable « laboratoire » en Afrique centrale sur cette problématique. Pour qu’il soit effectif, le CPLE ne peut être normatif et doit se focaliser sur les spécificités et les enjeux du contexte culturel local.
Si une étude de référence sociale approfondie au sujet des populations semi-nomades a été réalisée en 2003 et 2004 dans les concessions forestières au Nord du Congo, elle n’a pas été mise à jour de manière systématique. En outre, si des données socioéconomiques sur les populations semi-nomades pouvaient être collectées au travers de différentes activités des entreprises forestières, notamment au travers d’un recensement démographique censé être réalisé régulièrement, elles n’ont pas fait l’objet d’une capitalisation et d’une analyse systématique permettant une vue détaillée de la situation sociale, économique et culturelle des populations Mbenzele et Bangombé. Ainsi il n’existe pas d’indicateurs permettant de mesurer les effets et les changements induits par les activités, programmes et actions sur ces populations, ni d’études permettant de comprendre la nature, les facteurs et l’ampleur des changements.
La recherche sur les facteurs et mécanismes à l’origine des inégalités et des discriminations des peuples autochtones dans les concessions forestières en République du Congo s’inscrivait dans le cadre d’un projet d’accompagnement d’une entreprise forestière pour mieux prendre en compte les populations autochtones dans le cadre de ses activités et améliorer leur condition de vie. La première phase de cette recherche réalisée en 2019 a permis de construire une méthode d’enquête pour mieux comprendre les problématiques auxquelles font face les peuples autochtones et les impacts induits par les activités des concessions forestières.
La phase de recherche suivante (2020 et 2023) a consisté à évaluer l’emploi ainsi que les activités de développement et de concertation à destination des peuples autochtones conduites par l’entreprise forestières. L’analyse critique des approches et méthodes, par les populations elles-mêmes, a été recherchée. La question des représentants, de la représentativité et de la légitimité a fait l’objet d’une attention particulière étant entendu qu’il s’agit d’un point d’achoppement dans les contextes de sociétés acéphales. L’ensemble des éléments collectés ont été mis en perspective avec les données socio-anthropologiques des populations de la zone afin de définir la pertinence et l’adéquation des approches et des outils mis en place par l’entreprise forestière.
Des propositions d’actions ont été élaborées à l’issue de ces deux phases conformément aux priorités et besoins définies par les communautés, visant l’amélioration de l’accès à la santé et la défense des droits autochtones. En combinant les résultats obtenus après analyse des données et des lacunes méthodologiques, avec les objectifs et les attentes recherchés, la dernière étape a eu pour objectif d’améliorer la méthodologie de travail et d’identifier des pistes de recherche pour la suite.

LE MAINTIEN A DOMICILE DE PERSONNES EN PERTE D’AUTONOMIE PAR LE SUIVI DE LA CONSOMMATION ENERGETIQUE
2017-2019
Les constats et recherches actuels montrent que malgré l’intérêt prouvé en termes de « mieux vieillir » et la volonté partagée de permettre aux personnes âgées de rester à leur domicile, la prise de risque est jugée parfois inacceptable par les proches et les professionnels. Ce qui les conduit à placer ces personnes âgées, souvent contre leur gré, dans une institution spécialisée et donc à remettre en cause leur droit au risque reconnu dans la Charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante de 1997.
Parmi les assistances proposées pour faciliter le maintien à domicile, la téléassistance remporte un vif succès en ce qu’elle répond en partie à cette peur du risque. En effet, elle permet de sécuriser les personnes âgées qui vivent seules chez elles, ainsi que leurs proches. En cas de problème (chute, malaise…), la personne peut le signaler à tout moment en appuyant sur un médaillon ou une montre portée en permanence et une intervention peut être déclenchée immédiatement selon l’urgence. Une des limites de la téléassistance est qu’elle ne permet pas d’anticiper les problèmes et ne peut suivre l’évolution de l’état de la personne âgée. C’est pourquoi on s’intéresse aujourd’hui aux perspectives que pourraient offrir l’analyse de la consommation électrique pour détecter les premiers signaux d’une aggravation de la dépendance et pouvoir ainsi intervenir de manière plus précoce.
Le développement d’un tel service est néanmoins aujourd’hui confronté à plusieurs verrous. Premièrement, il repose sur le postulat qu’il est possible de modéliser une activité dite « normale » de la personne âgée du point de vue de la consommation électrique. L’état des recherches actuelles sur le sujet des pratiques de consommation énergétique ne permet pas de s’appuyer sur des modélisations existantes (voir les résultats de nos recherches précédentes). Si quelques typologies de profils de consommation commencent à émerger, elles ne sont pas encore généralisables à l’ensemble de la population française et aucune ne s’est penchée spécifiquement sur les personnes âgées. Les recherches ont montré que la trajectoire personnelle et l’histoire de vie, en plus des composantes sociologiques, avaient une influence sur la manière de vieillir. Ainsi la modélisation d’une activité dite « normale » doit tenir compte de cette diversité.
En outre, si les phénomènes de déprise, de routinisation et de fragilité ont été bien documentés par les chercheurs et peuvent servir de base à la modélisation d’une activité normale des personnes âgées et à la détection d’une aggravation de la dépendance, les recherches actuelles ne permettent pas d’identifier les pratiques et les comportements spécifiques qui sont engagés et qu’il faut suivre, ni le seuil de transformation qui permet de distinguer une déprise « normale » et nécessaire d’une fragilité ou de l’apparition d’une dépendance. Ainsi de nouvelles recherches sont nécessaires pour mieux comprendre ce que vieillir signifie dans les pratiques et les comportements du quotidien et analyser sa répercussion sur la consommation énergétique.
D’autre part, nous avions déjà expliqué et démontré dans nos recherches précédentes qu’il existe de nombreuses difficultés à traduire les données techniques relevées par les compteurs électriques en termes de comportements et pratiques sociales. Les données brutes envoyées par les compteurs sont extrêmement techniques et nécessitent un long travail d’analyse pour les convertir en pratiques de consommation. Si nos recherches précédentes ont apporté quelques éclairages à ce sujet, il convient de les adapter à présent aux publics des personnes âgées. Enfin, l’analyse et la diffusion des données issues de l’instrumentation posent également un problème de confidentialité et touchent même parfois, dans le cas de la vieillesse, à l’intime, thématique encore pas assez explorée pour pouvoir être bien intégrée dans les nouveaux services proposés aux personnes âgées.
L’instrumentation des logements a pour objectif de réaliser un suivi précis de la consommation énergétique des logements des personnes âgées suivis dans le cadre de cette étude, afin de mieux comprendre ce qu’elle représente en termes d’une activité dite « normale » et de pouvoir ainsi détecter par la consommation électrique une aggravation de la dépendance.

ETUDE DES PRATIQUES ALIMENTAIRES EN GUINEE FORESTIERE ET DE LEURS DETERMINANTS SOCIOECONOMIQUES ET CULTURELS DANS LE CADRE DE LA LUTTE POUR LA SECURITE ALIMENTAIRE
2016-2018
Notre recherche s’inscrit dans le cadre du Projet de Développement de la Rizipisciculture en Guinée Forestière (PDRP-GF) dont les finalités sont l’amélioration de la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté au travers de deux objectifs : i) la diversification des activités agricoles pour améliorer et sécuriser les revenus monétaires des populations de la zone ; ii) l’accroissement durable de l’offre locale en poisson et en riz dans une région où le déficit nutritionnel en protéine est réel.
L’amélioration de la sécurité alimentaire et donc la lutte contre la pauvreté supposent au préalable une bonne connaissance des pratiques alimentaires des populations cibles mais aussi des modalités de production et d’accès aux denrées alimentaires pour chacune des populations.
Les pratiques alimentaires constituent un objet de recherche complexe car elles sont dépendantes d’une multitude de facteurs : la religion, les interdits alimentaires, les pratiques sociales de commensalité, les systèmes de production, les modalités de gestion des ressources et des systèmes de production, etc. A ces facteurs s’ajoutent les questions de marché, de système d’approvisionnement, de relation centres urbains-zones rurales reculées, etc.
Pas moins de 8 groupes ethniques ont été identifiés en Guinée Forestière, chacun possédant sa langue, son histoire et des structures socio-politiques spécifiques. Les données socio-économiques, historiques et culturelles font défaut pour la grande majorité des groupes ethniques de la zone. Si quelques données collectées dans les années 50 sont disponibles pour les Kissi et les Guerzé, il n’existe quasiment pas d’informations pour les autres groupes autochtones de la Guinée Forestière. Et encore moins de données sont disponibles sur les populations migrantes appartenant à d’autres groupes ethniques mais venues s’installer de longue date dans la zone.
De plus, la première tentative de zonage agro-écologique réalisée par le Cellule de suivi du PDRP-GF a mis en évidence une grande diversité de situations sur l’ensemble de la zone projet : dans certaines régions, les plantations pérennes ont colonisé les versants, les fleuves sont rares et la chasse a disparu ; dans d’autres, au contraire, les vastes savanes offrent encore d’importants terrains de chasse ; l’accès aux différents marchés urbains où transite le poisson congelé est très inégal.
Comment, dans un contexte pluri-ethnique et agro-écologique complexe et divers, appréhender les principaux facteurs différenciant/influençant les pratiques alimentaires et susceptibles de jouer un rôle dans les questions de sécurité alimentaire ?
Cette tâche est d’autant plus difficile qu’il n’existe aucune donnée concernant les pratiques alimentaires et les déterminants sociaux en Guinée Forestière. Aucune information ne renseigne sur les choix qui peuvent être effectués par les populations, encore moins sur les éléments socioculturels qui motivent ces choix : préférences alimentaires, habitudes alimentaires, perception des différents aliments… Existe-t-il des interdits alimentaires spécifiques ? Des totems ? Quels sont les facteurs explicatifs des préférences et des rejets alimentaires ?
Enfin, l’« identité alimentaire » (recettes utilisées, plats traditionnels…) est rarement considérée dans les projets d’intervention contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition.
La première phase de cette recherche réalisée en 2016 a permis de construire une méthode d’enquête de la consommation alimentaire. Cette méthode a permis de décrire et de comprendre les pratiques alimentaires et leur représentation depuis l’approvisionnement en ingrédient, en passant par la préparation des plats jusqu’à la consommation de ces derniers. Elle a permis également d’évaluer la saisonnalité de ces pratiques. La recherche a été décomposée en plusieurs phases. La première phase d’enquête initiée en 2016 et finalisée en 2017 a permis d’identifier et de caractériser plusieurs grands types de pratiques alimentaires de manière empirique. La seconde phase d’enquête, initiée en 2017 et finalisée en 2018, a permis de mesurer les variations saisonnières des pratiques alimentaires. Les méthodes d’enquête utilisées combinent des outils tirés de différentes disciplines : l’économie, la nutrition et l’anthropologie de l’alimentation.

ANALYSE DES DETERMINANTS SOCIAUX DES EFFETS REBONDS ET DES IMPACTS DE L’INSTRUMENTATION DANS L’EVOLUTION DES COMPORTEMENTS DE CONSOMMATION ENERGETIQUE DES MENAGES
2016
L’instrumentation des logements avait pour objectif de réaliser un suivi précis de la consommation énergétique des logements, afin de mieux la comprendre, la maitriser et à terme d’aboutir à une réduction de cette consommation. Sur la centaine de logements instrumentés, les mesures issues de 20 logements ont été entièrement analysées par le CEREMA. Il est également prévu que ces logements fassent l’objet d’une simulation thermo-dynamique (STD) afin d’obtenir des données extrêmement complètes sur le profil du logement et sa consommation énergétique. Notre étude a été effectuée sur 90 logements, en donnant la priorité aux logements instrumentés, avec suivi des données, et pour lesquels une STD était programmée. Nous disposions au démarrage de la collecte de données des températures intérieures moyennes relevées en été et en hiver, d’indications sur le niveau de consommation énergétique du logement et du niveau de ventilation des logements.
En 2014, nous avions mis en avant dans notre recherche la diversité des profils de consommation énergétique des locataires, en tenant compte à la fois de leur niveau de consommation énergétique, du besoin exprimé en chaleur et du niveau de motivation à réaliser des économies d’énergie. Nous avions identifié les leviers et freins aux économies d’énergie.
Les données relevées par la recherche sociologique en 2016 viennent appuyer les données issues de l’instrumentation et analysées par le CEREMA. Les particularités énergétiques extrêmes relevées par l’instrumentation et qui pouvaient, à première vue, s’expliquer par un défaut des capteurs s’expliquent en réalité par des pratiques atypiques de la part des locataires. Une analyse conjointe socio-technique, combinant relevés de l’instrumentation et analyse sociologique des pratiques et représentations de la consommation énergétique des ménages, a donc permis une analyse plus fine de la consommation énergétique des ménages, un meilleur contrôle des erreurs et des résultats plus fiables.
La recherche de 2016 a également permis de faire plusieurs propositions pour changer les comportements, qui peuvent se combiner et qui doivent également être testées auprès des différentes parties prenantes (bailleurs, locataires, etc.).
Les résultats ont montré que l’instrumentation n’avait pas eu de réel impact sur les locataires, ne comprenant pas leur rôle ni la manière dont ils pouvaient s’en servir pour réguler leur consommation énergétique. Nous avons alors développé des pistes pour impliquer les locataires dans l’instrumentation de leur logement afin qu’ils puissent suivre les évolutions et faire le lien avec leurs changements de pratiques. Nous avons également proposé à l’issue de cette recherche un dispositif de suivi et d’interface comparable au concept de « carte vitale du logement » (Cau et Pouget 2014). En matière de sensibilisation, nos résultats montrent qu’il n’existe pas de solution unique : seule une multiplication des actions et la mobilisation de différents canaux d’informations permettent de s’assurer de la diffusion et de l’appropriation de ces informations par un maximum de locataires.

AMELIORATION DES METHODES ET DES APPROCHES FONCIERES DANS LE CADRE DES ETUDES D’IMPACTS SUR 2 TERRAINS COMPARATIFS (GUINEE ET COTE D’IVOIRE)
2016
La question foncière est importante dans le cadre des études d’impacts car bien souvent les grands projets d’infrastructures réalisent des préemptions foncières. Un état de l’art concernant les verrous dans le champs des études d’impacts a été réalisé à plusieurs reprises dans les recherches des années précédentes (2013, 2014, 2015). Notre recherche a porté ici plus spécifiquement sur les questions foncières dans le cadre des études d’impacts.
En France, la législation foncière et les modes de préemptions sont relativement clairs et encadrés. Les études d’impacts environnementales permettent de mieux prévenir et gérer les enjeux environnementaux par des mesures compensatoires ou d’accompagnement pour atténuer les effets induits de l’opération sur le patrimoine naturel et paysager. L’impact social, quant à lui, est adressé uniquement via des enquêtes publiques et est très lacunaire en termes d’accompagnement, d’identification des vulnérables, de prévention des conflits et d’évaluation des impacts socioéconomiques après projet. Quand il y a préemption, on indemnise le propriétaire de la terre.
Dans les pays du sud, la question de l’impact des projets sur le foncier prend une toute autre dimension, difficile à traiter avec les outils classiques. En République de Guinée par exemple, la question foncière repose à la fois sur le droit coutumier et sur le droit positif hérité de la colonisation, rendant complexe les modalités de gestion foncière et qui plus est les questions de préemption foncière. Par ailleurs, il n’existe pas, à l’échelle de la Guinée, un droit coutumier mais plusieurs types de droits coutumiers selon les groupes ethniques, les espaces ressources et les configurations foncières antérieures. Ce n’est pas la terre ou les ressources qui sont possédées mais des droits, au sens d’actions autorisées sur les ressources. Les droits de propriétés sont avant tout des rapports entre les Hommes à propos de la terre et des ressources naturelles et non un rapport direct des Hommes aux choses.
L’on comprend dès lors la difficulté des projets à adresser correctement la question de la préemption foncière dans un tel contexte : quels sont les différents droits pour chacune des parcelles visées par la préemption ? Qui sont les « propriétaires », les gestionnaires et les usagers de ces parcelles ? Comment les identifier ? Comment les indemniser de manière juste et correcte ?
L’ensemble de ces questions foncières relève de relations entre les Hommes à propos de la terre et des ressources, nous l’avons vu. Dans la perspective de rente financière apportée par le projet en échange de la préemption de terres, les recompositions sociales et politiques ne peuvent manquer. L’histoire, les relations de pouvoirs et/ou de dépendance sont remobilisées par chacun des acteurs afin de se retrouver en position de légitimité foncière et donc d’accès aux indemnités potentielles. Les jeux de pouvoirs qui se mettent en place constituent également des aléas difficiles à anticiper.
Ces questions sont autant de verrous à soulever dans le cadre des études d’impacts et des opérations de préemption foncière pour les grands projets d’infrastructures. D’autant plus qu’il n’existe pas une réponse ou une méthode applicable à toutes les situations (comme démontré dans notre recherche). Une bonne connaissance des rapports sociaux et des modalités de gestion politico-économique des espaces ressources sont des préalables indispensables à toute étude d’impacts et action de préemption foncière. Reste que les monographies locales sont quasi-inexistantes dans toute la Guinée.
Le premier résultat relatif au protocole expérimental mis en place est l’importance d’une description précise du contexte général de la zone avant de pouvoir prétendre à toute étude foncière. Nous arrivons à la conclusion que les monographies villageoises sont un préalable méthodologique indispensable. Mais aussi qu’une étude spécifique doit être réalisée dans le contexte particulier du projet. La méthodologie doit être adaptée à chaque contexte car les échelles changent selon les zones/les pays (exemple, dans la zone d’expérimentation en Côte d’Ivoire, le village est l’échelle pertinente de la gestion foncière ; ce qui n’est pas forcément le cas dans le zone de Guinée où a été réalisée l’expérimentation). De la même manière, les actions d’administration du foncier ne sont pas les mêmes dans les deux cas : si en Guinée l’acte de planter est une action d’administration donnant droit à l’aliénation ou la transmission, ce n’est pas le cas (ou plutôt n’est plus le cas) sur le terrain d’étude de Côte d’Ivoire.
L’étude foncière réalisée en Guinée a permis d’arriver à plusieurs résultats : 1. Pour la première fois, le système de gestion spécifique de l’agrosystème impacté par les infrastructures minières de cette zone a été décrit en détail. Cela constitue de nouvelles connaissances pour la zone de Sangaredi. Aucune information spécifique à cette zone n’existait avant la réalisation de notre étude. Nous avons produit de nouvelles connaissances en particulier sur les modalités de gestion foncière d’un agrosystème particulier. 2. L’analyse de l’espace ressource et des ayants droits a permis de définir une matrice de compensation détaillée en ce qui concerne les terres et les cultures. Ainsi, les compensations qui seront versées en échange de la préemption des terres par le projet prennent en compte les modalités d’accès et d’administration des différents territoires ressources. Cette approche semble plus adaptée au regard des populations impactées. 3. L’approche par agrosystème qui a été proposée permet de mieux identifier les impacts du projet sur les moyens d’existence des populations et ainsi de proposer des projets plus adaptés. Par ailleurs, la compréhension de cet agrosystème a permis de mieux identifier et négocier avec les populations les besoins en terres et les ressources de remplacement. 4. Les monographies sont des outils précieux pour comprendre les relations de pouvoir qui se jouent dans la zone. Ainsi une bonne connaissance de l’histoire et des relations socio-politiques a permis d’éviter de se retrouver manipulé par certaines élites de la zone au dépend des populations.
L’étude foncière en Côte d’Ivoire quand à elle nous a conduit à proposer une note détaillée des conflits au client, attirant son attention sur la grande sensibilité de ce sujet dans le contexte particulier du projet et d’argumenter sur la nécessité de passer par une indemnisation monétaire plutôt qu’en nature des terres qui feront l’objet de l’acquisition.

CARACTÉRISATION DE LA PÊCHE ARTISANALE
2014-2015
Concernant la pêche artisanale, il existe de nombreuses variations saisonnières tant biologiques (déplacements des grands migrateurs, variation de la teneur en nutriment des eaux en saison des pluies), physiques (la conservation du poisson est plus délicate en saison des pluies) et socio-culturelle (le calendrier de scolarisation des enfants et des travaux aux champs influencent directement le nombre et la durée des sorties en mer, les migrations économiques et politiques de populations). D’après l’état de l’art, aucune étude réalisée au moment de cette recherche ne permet de tenir compte conjointement de l’ensemble de ces variations.
Les études de risques et d’impacts sociaux pour des projets intervenant dans des régions où la pêche et la chasse artisanales jouent un rôle socio-économique et socio-culturel primordial s’appuient notamment sur une évaluation des revenus générés par ces activités et de leur contribution au niveau de vie. Cependant, ces évaluations sont établies au moyen d’une extrapolation des données récoltées à un moment particulier. Or, plusieurs facteurs induisent d’importantes variations que l’extrapolation ne prend pas en compte. Ainsi, les variations saisonnières influent non seulement sur la densité et le type de poissons et de gibier disponibles, mais posent en outre des problèmes au niveau du stockage et de la commercialisation (état des routes, alimentation des bacs à glace, etc.). Par ailleurs, d’autres activités et événements qui rythment l’année (travaux champêtres, fêtes religieuses) correspondent généralement à une moindre fréquence des sorties de chasse ou de pêche. Enfin, dans des contextes politiques mouvementés conduisant à des mouvements de populations et à la paupérisation, les mouvement migratoires, parfois saisonniers, de personnes et communautés ont également de fortes incidences (sur l’effort de pêche, le partage des zones de pêche, l’afflux de cash et les reconfigurations socio-économiques) absolument pas mesurées ni même prises en compte. Les observations ne pouvant être menées sur une année entière, le choix du moment le plus opportun pour l’enquête est crucial, de même que la façon dont les extrapolations doivent être pondérées.
Dans le cadre de cette recherche, des avancées ont été réalisées tant en terme de connaissances que méthodologiques. Les contraintes du terrain ont donné lieu à un recalibrage en temps réel des outils d’enquêtes et d’observation, ainsi qu’à l’identification d’une série de précautions et d’impératifs méthodologiques qui pourront être mobilisés pour d’autres types d’étude : 1- Prise en compte, dans la marge d’erreur, du décalage existant entre les discours et les pratiques afin d’en atténuer l’incidence sur les résultats. 2- Délimitation du pas de temps idéal à impartir aux observations pour embrasser la diversité des niveaux d’activité. 3- Identification de la fréquence optimale d’étude sur une année pour établir le profil des variations tout en respectant les contraintes budgétaires définies par le client. 4- Pondération des données déclaratives sans perte d’information sur des éléments qualitatifs riches d’enseignements. 5- Prise en compte des changements majeurs survenus entre chaque mission (construction d’un pont et détournement de routes de traversées) et de leurs impacts sur les données collectées. 6- Prise en compte de l’inflation, à la fois dans les dépenses liées aux activités de pêche (achat de matériel de pêche…) et aux revenus issus de ces activités (prix du poisson…)

INDICATEURS QUALITATIFS POUR ÉVALUER LA CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE DES LOGEMENTS
2014
Bien qu’il existe de nombreux outils de mesure concernant la consommation énergétique effective des logements (opérations d’instrumentation des logements, mise en place de modules CIC, etc.), il n’existe aucun indicateur qualitatif permettant de mesurer effectivement l’évolution du confort des habitants : dans le champ sociologique, la question des pratiques de consommation d’énergie a encore été peu investie, contrairement aux enquêtes d’opinion (mesure quantitative de la perception du confort) qui ont connu un développement important.
Les projets de rénovation ont généralement un impact direct sur la consommation énergétique des habitants. Les indicateurs et études actuels ne permettent pas de répondre à des questions pourtant nécessaires à la compréhension et la pérennisation de cette baisse de consommation. Le rapport entre la mesure objective des économies réalisées et la perception de l’évolution du confort n’est ainsi pas exploré. A titre d’exemple, l’effet rebond (annulation des gains en efficacité énergétique par la modification des comportements de consommation) est un des freins les plus connus à la baisse de consommation énergétique. Son existence souligne que le progrès technique ne peut être déconnecté de l’étude et de l’accompagnement des pratiques de consommation énergétique ; pourtant, le phénomène reste difficile à quantifier.
Les indicateurs et les outils conçus et mis en œuvre dans le cadre de cette recherche a montré l’intérêt d’être aisément transposables à d’autres études consacrées à une thématique analogue, voire au-delà : 1- Création d’une série d’indicateurs qualitatifs orientés sur des données qualitatives comme le ressenti, le bien-être, conçus pour pondérer et contextualiser des mesures physiques. 2- Création d’une typologie de consommation énergétique pour mesurer et représenter la diversité des profils de consommation. 3- Identification des leviers et des freins aux économies d’énergie afin d’optimiser ou réduire leur effet. 4- Prise en compte de l’hétérogénéité de situations de réhabilitation et de leur impact sur les ressentis des locataires.

INDICATEURS SOCIAUX ET CULTURELS POUR ÉVALUER L’HYGIENE ET L’ACCES A L’EAU
2014
Dans le cas de l’eau et de l’hygiène, les indicateurs existants ou proposés permettent notamment d’établir la part d’une population donnée qui a accès à une source d’eau améliorée et d’évaluer les inégalités en fonction de l’existence ou non d’un point d’eau potable, de l’éloignement de celui-ci, du temps d’attente, de la régularité du service, mais aussi de l’âge, du sexe, du revenu, etc. Ces éléments sont conformes à la poursuite de l’OMD 7C, mais ne renseignent pas sur les choix qui peuvent être effectués par les usagers, encore moins sur les raisons qui motivent ces choix. Il est par exemple tout à fait possible qu’un usager préfère s’approvisionner en eau à une source non améliorée, parce qu’il a toujours fait ainsi et ne voit pas pourquoi il devrait changer ses habitudes, ou parce qu’il doute de la qualité de l’eau mise à disposition par le fournisseur, ou encore parce que la collecte de l’eau est associée à d’autres activités qu’il juge constitutives de son mode de vie.
Cette recherche a permis de proposer une méthodologie conçue pour : 1- Individualiser les questions relatives à l’impact des maladies hydriques et du temps consacré à la collecte de l’eau, pour mieux identifier les groupes vulnérables ou désavantagés. 2- Intégrer la question des usages concurrents de la ressource (élément inspiré du Water Poverty Index) et celle des activités associées à la collecte de l’eau. 3- Mieux prendre en compte a) les éléments relatifs aux manipulations (transport, transvasement, stockage) susceptibles de dégrader la qualité d’une eau recueillie à une source améliorée ; b) les pratiques d’hygiène (mains, récipients) et le recours au traitement de l’eau stockée à domicile. 4- Identifier les points critiques au niveau des ménages, une démarche inspirée du HACCP (Hazard Analysis – Critical Control Points) préconisé par l’OMS (2002) mais pas encore développée à ce jour, qui consiste à caractériser les pratiques et les aspects matériels favorables à l’émergence ou la persistance de risques sanitaires et sociaux. 5- Approfondir l’approche par connaissances et pratiques, afin de qualifier les éventuels freins à de meilleures pratiques (éducation, sensibilisation, disponibilité du matériel spécifique, coût, perceptions, etc.).

LE PROJET TEK – « SAVOIRS ECOLOGIQUES TRADITIONNELS DANS LA MISE EN ŒUVRE DU PROTOCOLE DE NAGOYA EN AFRIQUE DE L’OUEST ET EN AFRIQUE CENTRALE »
2013
L’objectif général de cette recherche consistait à proposer une nouvelle approche et méthodologie pour aller vers une applicabilité du Protocole de Nagoya au niveau local et national, en Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale, et ainsi contourner les obstacles actuellement soulevés. Plus spécifiquement, et parce qu’il constitue le premier obstacle pour une application des dispositifs APA, l’enjeu était de trouver une manière d’approcher les CTA et leurs détenteurs, de construire une méthodologie et des outils permettant de les collecter, de les capitaliser et de les analyser.

CREATION ET AMELIORATION DE NOUVELLES METHODES DE COLLECTE ET D’ANALYSE DE DONNEES
2011 – en cours
L’amélioration des données pour l’élaboration de nouveaux indicateurs nécessite une évolution des techniques et des méthodes de recueil qui permettent à la fois de capitaliser un grand nombre de données à l’échelle des individus, des ménages et des collectifs, tout en préservant leur qualité et leur nature qualitative et contextuelle. Il s’agit donc de fournir une alternative aux approches conventionnelles et de développer une approche centrée à la fois sur l’individu, le ménage et le collectif. L’objectif est de mettre au point un procédé méthodologique permettant de récolter de manière homogène et standardisée des données qualitatives et de produire de manière systématique de la connaissance anthropologique.

CREATION ET AMELIORATION DES INDICATEURS SOCIO-ECONOMIQUES DANS LA GESTION DES RISQUES ET IMPACTS SOCIAUX
2013 – en cours
L’amélioration des données pour l’élaboration de nouveaux indicateurs nécessite une évolution des techniques et des méthodes de recueil qui permettent à la fois de capitaliser un grand nombre de données à l’échelle des individus, des ménages et des collectifs, tout en préservant leur qualité et leur nature qualitative et contextuelle. Il s’agit donc de fournir une alternative aux approches conventionnelles et de développer une approche centrée à la fois sur l’individu, le ménage et le collectif. L’objectif est de mettre au point un procédé méthodologique permettant de récolter de manière homogène et standardisée des données qualitatives et de produire de manière systématique de la connaissance anthropologique.

LE PROJET PLAT-AN : LA PLATEFORME LOGICIELLE
2013 – en cours
Ces dernières années, AnthropoLinks a plus particulièrement investi le secteur minier, profitant du durcissement des standards internationaux sur les questions sociales et culturelles, auxquels sont soumis les industriels, et du boom de ce secteur. L’expertise et les services de conseil proposés par AnthropoLinks viennent répondre à un nouveau besoin en compétences socio-anthropologiques. Dans ce cadre, il a été possible d’identifier les lacunes des expertises actuelles tant en termes de méthodologie de collecte de données, d’analyse (particulièrement des données qualitatives) que de livrables (aujourd’hui sous forme de lourds rapports), ainsi que les besoins des industriels pour des outils permettant de comprendre facilement les réalités locales, prendre des décisions rapidement et mettre en place des actions adaptées. Le projet de création de la plateforme logiciels PLAT-AN, permettant une représentation des risques et des données sociales sous forme dynamique, synthétique et cartographique, a été imaginé suite à ce constat et sa première version sera développée pour répondre au besoin de ce segment de marché. L’extension de cet outil à d’autres secteurs, comme les filières agricoles ou la gouvernance environnementale, sera ensuite développée. Le projet PLAT-AN est au coeur de la stratégie d’AnthropoLinks puisqu’il est conçu comme une étape essentielle permettant d’optimiser les performances d’AnthropoLinks en matière d’expertise sociale.